dimanche 21 juin 2009

Champions

Et on entendait le rugissement de la mer lasse emprisonnée derrière la trajectoire des ballons farouches. La chair s’était retirée- tant bien que mal : c’est l’heure de l’os. Les cœurs frétillaient, turbulents et ensablés. Une brise d’hiers brisés caressait nos yeux clos, béats. L’horizon aurait servi de corde à usages multiples, selon le besoin et l’humeur. « J’ai soif, maman » revenait comme une rengaine, un retour à l’essentiel. Les corps, enterrés sous le sable, répétaient avant le repos final, sous la terre. Les enfants bâtissaient des châteaux que les plus grands démolissaient aussitôt- par inadvertance qu’ils disaient. Main dans la main, des chapeaux et des parasols, beaucoup, s’évertuaient à concocter de l’ombre : cancer en quarantaine. Tournant le dos comme de coutume, l’Amour prenait des couleurs étranges. Puis face à la redondance du paysage et aux murmures lancinants des derniers mortels- nous, le soleil finissait toujours par bâiller, forcément. Nous rentrions alors dans nos murs, délicieusement fatigués, revigorés, rajeunis, embellis et souvent fin prêts à procréer. Nous snobions la Mort, en somme. Nous ignorions toute forme de chute et de transparence. Nous devenions pour ainsi dire suffisamment opaques et sombres pour aisément nous fondre dans la nuit tombante. Des champions.