samedi 23 octobre 2010

Claire ou l’Interrègne ou la Recherche acharnée de l’analogie

« La routine n'est pas seulement une chose de la vie, elle vous accompagne jusqu'à votre tombe : il faut avoir un goût assez prononcé pour l'immobilité et la répétition pour se laisser grignoter continuellement et constamment par les asticots. »


[Entrée textuelle en fanfare] L’aube se tord de douleur intestinale ! « Normal quand on a ingurgité une quantité considérable d’amour encore frétillant » a dit le docteur hier. « Ne vous souciez point, vous êtes en pleine interrègne, cela passera »…
Claire, ma mignonne, je ne te l’avais jamais dit : si tes yeux sont un ciel gris, ton nez, imprécis, vaporeux, s’apparente aux nuages. [Analogie en douceur] Il pleut sur la tombe d’Ahiram. [Anecdotique] Cette nuit, dans un état de demi-sommeil, j'ai eu la sensation de gratter le coude de mon bras soudain dénué de toute chair. J'ai alors pensé au roi de Byblos; au noir et au vide dans lesquels il devait être plongé. Un sentiment de révolte intense me prit alors à la gorge : « assez perdu de temps, la vie est trop courte. ». Trop courte, tu parles ; tout ce que je fais de glorieux c’est donner à manger aux chats. Je me sens ridicule. Un jour, je le sens, à force de me frotter à ces bêtes, je finirai chat. En tout cas, c’est fou comment les gamelles s’envolent et la nourriture reste, quand même. [Sentiment de culpabilité] Elle ne veut rien dire, je sais, mais je la trouve jolie, cette phrase. [Facilité légitime] Jolie comme un cœur enrubanné. Non, sérieux, que n’avons-nous pas fait pour tomber amoureux aussi bas ? [Rupture] Savais-tu que nos idées ont la teneur de nos cheveux ? [Analogie barbare] A présent, je suis une chauve-souris qui, à travers une meurtrière, voit le monde à l’envers. Regarde ! Regarde au loin, là-bas, vois-tu ? Entends-tu ? « On descend de la montagne à cheval ! On descend de la montagne à cheval ! » Cette même montagne qu’on avait escaladée bec et ongles. [Analogie abstruse mais intelligente] Parole de maréchal-ferrant, tes orteils réguliers, logiques, militaires, ont su intégrer les rangs de mon cœur insoumis. Juste rappelle-toi : les filles qui portent des sandales meurent prématurément et il n’y a que les garçons qui pleurent vraiment.
Ce matin, des mortels partout.

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